Séminaire d’Anthropologie Américaniste

Diego MADI DIAS,
Former Fyssen 2015-2016

Docteur en Sociologie et Anthropologie, j’ai réalisé ma formation entre l’Université Fédérale de Rio de Janeiro (PPGSA-UFRJ) et le Centre d’Enseignement et de Recherche en Ethnologie Amérindienne (Paris X, Nanterre – EREA-LESC/CNRS). J’ai par ailleurs effectué 18 mois de travail de terrain chez les indiens Guna (‘Kuna’), sur la côte atlantique du Panama. Sur place, j’ai collaboré aux activités de prévention et de réduction des risques de contamination au virus HIV au sein de la population transgenre Guna (omeggid). J’ai également travaillé à la production de Bila Burba, film ethnographique du réalisateur Guna Duiren Wagua à propos de la révolution Gunadule de 1925.
J’ai coordonné avec André Demarchi la section Kayapó du Programme de Documentation des Langues et Cultures Indigènes (PROGDOC, Museu do Índio – FUNAI), occasion où j’ai pu contribuer à la formation de cinéastes indigènes. Après avoir effectué un post- doctorat au Laboratoire d’Anthropologie Sociale du Collège de France, je me consacre actuellement à une recherche au Musée du Quai Branly sur le théâtre communautaire à Gunayala.

Domaines de spécialisation et de recherches: Ethnologie américaniste, ethnographie Guna, genre/ norme/ subjectivation, parenté et résidence, éthique du « care », esthétique et socialité, art et cosmopolitique, masculinités, enfance et cycle de vie, études « queer », santé publique, psychologie et cognition, philosophie du langage, pragmatique interactionnelle.

Intervention à l’occasion de l’ouverture de la saison 2016-2017 du Séminaire d’Anthropologie Américaniste.
Le langage de l’intimité chez les Guna du Panama
« Mon petit bébé, maman est en train de te faire grandir… maman prend soin de toi ! », ainsi chantait Asinta pour calmer son enfant et le faire dormir. À partir d’une ethnographie de la vie domestique, l’exposé portera sur les relations de soin et d’intimité chez les Guna dans leur mise en discours. Dans le cadre d’une philosophie vernaculaire de l’éthique, il s’agira d’examiner le langage issu de la convivialité co-résidente en tant que modèle pour les interactions sociales. L’analyse se fondera sur un vaste répertoire de berceuses recueillies sur le terrain à Gunayala, transcrites en langue guna et traduites en espagnol. Enseignées aux femmes par Olonadili, personnage mythique, une des filles des étoiles, ces berceuses expriment une infinité de thèmes et de situations singulières, puisqu’elles sont improvisées en fonction de la relation entre la chanteuse et l’enfant destinataire du chant. Malgré leur diversité contextuelle, ces chansons sont toujours orientées vers l’avenir, produisant des esthétiques de genre selon la résidence uxorilocale pratiquée par les Guna. En effet, on verra comment l’énonciation féminine prend au quotidien la forme d’une technologie poétique de production de la « personne genrée » (gendered personhood).

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