Aurélie Salavert,
Bénéficiaire d’une subvention de recherche en 2017
Nature.com
Scientific Reports volume 10, Article number: 20263 (2020)
Le pavot somnifère (Papaver somniferum L.) est l’une des espèces végétales les plus fascinantes de l’histoire de l’humanité. Utilisée pour son huile, ses graines ou encore les propriétés psychotropes contenu dans le latex exsudé par sa capsule, l’histoire ancienne du pavot est mal connue. Afin de poser un premier cadre chrono-culturel de son origine et sa diffusion ancienne, la possibilité de dater au radiocarbone par AMS (ECHOMicadas) des tous petits échantillons archéologiques, tels que les grains de pavot somnifère, a été testée. Cette recherche, menée par des membres de l’UMR Archéozoologie-Archéobotanique (AASPE : MNHN-CNRS) et financée par la fondation Fyssen, a été menée en collaboration avec le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement. Onze sites néolithiques (5900-3500 cal BCE) localisés en Europe occidentale, parmi les plus anciens ayant livré du pavot, ont été sélectionnés. Les résultats montrent que le pavot à opium est présent au moins depuis le milieu du sixième millénaire en Méditerranée centrale. Sa dispersion en dehors de sa zone d’origine a été précoce, puisque le pavot est attesté à l’ouest du Rhin entre 5300 et 5200 ans avant notre ère. Le pavot a été introduit dans les Alpes occidentales vers 5000-4800. Cette recherche met en évidence des rythmes différents dans l’introduction du pavot à opium en Europe occidentale et ouvre la voie à la datation d’une large série d’échantillons de pavot somnifère pour mieux comprendre sa domestication. Le pavot somnifère pourrait être une des seules plantes cultivées au Néolithique d’origine européenne.
The opium poppy (Papaver somniferum L.) is one of the most fascinating plant species in the history . Used for its oil, its seeds or the psychotropic properties contained in the latex exuded from its capsule, the early history of the plant is little known. In order to establish a first chrono-cultural framework of its origin and its early diffusion, the possibility of radiocarbon dating by AMS (ECHOMicadas) of minute archaeological plant samples, such as the seeds of the opium poppy, has been tested. This research, carried out by members of the UMR Archéozoologie-Archéobotanique (AASPE: MNHN-CNRS) and funded by the Fyssen Foundation, was conducted in collaboration with the Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement. Eleven Neolithic sites (5900-3500 cal BCE) located in Western Europe, among the earliest having delivered poppy, were selected. The results show that the opium poppy has been present at least since the middle of the sixth millennium in the Central Mediterranean. Its dispersal outside its area of origin was early, as the plant is recorded west of the Rhine between 5300 and 5200 BC. The poppy was introduced into the Western Alps around 5000-4800. This research highlights different rhythms in the introduction of the opium poppy into Western Europe and paves the way for the dating of a large series of samples of opium poppy in order to better understand its domestication. The opium poppy may be one of the few Neolithic cultivated plants of European origin.
Diplômée d’un doctorat d’archéologie de l’Université de Paris 1-Panthéon Sorbonne, Aurélie Salavert est enseignante-chercheuse en archéobotanique au Muséum National d’Histoire Naturelle, à Paris, depuis 2013. Elle étudie les relations des sociétés humaines avec leur milieu végétal notamment la mise en place des premiers systèmes agricoles européens. Elle s’intéresse à l’histoire ancienne du pavot somnifère depuis une dizaine d’années.
Image: Graines de pavot provenant du site néolithique de Buchères (France, INRAP)/Poppy seeds from Buchères (France). Crédits : Françoise Toulemonde.