Maïté RIVOLLAT
Former Fyssen 2017
L’analyse de l’ADN ancien des populations humaines préhistoriques a permis ces dernières années d’éclaircir les mouvements à l’œuvre en Europe à la fin du Pléistocène et au début de l’Holocène. La période néolithique en a notamment bénéficié avec la mise en évidence, lors du processus de Néolithisation, d’un déplacement massif de populations venues d’Anatolie et accompagnant la diffusion du mode de vie néolithique. Cependant, la multiplication des données génomiques ces dernières années, permettant d’accéder à une résolution de plus en plus fine, montre la complexité et la variabilité régionale des processus.
Les données génomiques sont encore rares dans l’ouest de l’Europe et mon projet postdoctoral, financé par la Fondation Fyssen et localisé à l’Institut Max Planck de Iéna (Allemagne), a pour objectif de préciser les modalités de ces interactions sur le territoire français. Ainsi il est question d’examiner les interactions entre fermiers néolithiques et chasseurs-cueilleurs autochtones, de caractériser les processus impliqués dans la Néolithisation du territoire français et d’étudier la mobilité des groupes néolithiques à l’échelle de l’Europe de l’ouest. Il s’agit également de s’intéresser à l’échelle locale et de documenter les pratiques funéraires et sociales grâce à l’identité biologique des individus, ainsi que de confronter cette identité biologique a l’identité culturelle de l’individu et du groupe auquel il appartient.
Les résultats préliminaires de ce travail concernant deux sites de la moitié nord de la France (Gurgy « les Noisats » et Fleury-sur-Orne) ont été présentés au XVIIIe congrès de l’Union Internationale des Sciences Préhistoriques et Protohistoriques (UISPP) à Paris en juin 2018. Intitulée « Genome-wide investigation of the West European Mesolithic-Neolithic transition », cette communication s’est adressée à un public constitué d’archéologues et de généticiens, soulignant l’intérêt de la portée interdisciplinaire de ce travail.
Maïté Rivollat est docteur en Anthropologie biologique de l’Université de Bordeaux (2016, dir. M.-F. Deguilloux et C. Couture). Ses travaux de thèse ont porté sur la caractérisation mitochondriale des populations néolithiques peuplant le territoire français au 5e millénaire avant notre ère. Ils ont permis de documenter les processus d’interaction entre groupes fermiers et groupes chasseurs-cueilleurs autochtones antérieurs, ainsi qu’entre les groupes fermiers eux-mêmes. Ils ont également porté sur la caractérisation de la diversité biologique au sein des groupes étudiés, apportant des informations quant à l’organisation funéraire des sites et au fonctionnement social des groupes. Elle mène actuellement son post-doctorat sous la supervision de W. Haak à l’Institut Max Planck à Iéna, en Allemagne, dans le Département d’Archéogénétique. Il est intitulé « Approche paléogénomique des sociétés néolithiques en France du 6e au 4e millénaire BC : diversité biologique vs diversité Culturelle » et vise à poursuivre les questionnements de son doctorat grâce à l’approche génomique, qui permet une plus grande résolution d’analyse.
Publications :
. When the Waves of European Neolithization Met: First Paleogenetic Evidence from Early Farmers in the Southern Paris Basin
. Distinct ancestries for similar funerary practices? A GIS analysis comparing funerary, osteological and aDNA data from the Middle Neolithic necropolis Gurgy “Les Noisats” (Yonne, France)
. Multi-scale ancient DNA analyses confirm the western origin of Michelsberg farmers and document probable practices of human sacrifice
. Ancient mitochondrial DNA from the middle neolithic necropolis of Obernai extends the genetic influence of the LBK to west of the Rhine